Olivier Sartenaer
Université de Namur, Namur, Belgique
olivier.sartenaer@unamur.be
Résumé. Au départ de l’observation selon laquelle il existerait un décalage certain, dans nos sociétés occidentales, entre la réalité des sciences et la façon dont celles-ci sont dépeintes et perçues dans la sphère publique, cet article entend offrir un diagnostic de type épistémologique de certaines des causes de ce décalage. En substance, il y est question de défendre l’idée selon laquelle un antagonisme tenace d’arrière-fond entre postures scientiste et cynique, se jouant au niveau des imaginaires sociaux, rend difficilement dépassable la mécompréhension partagée des sciences contemporaines. Dissoudre cet antagonisme requiert de réactiver une exigence ancienne – la « demande épistémologique » – qui a pourtant présidé à la naissance des sciences et à leurs plus importants développements.
Mots clés. Antiscience, Perception des sciences, Scientisme, Postmodernisme, Relativisme, Scepticisme
Scientism and antiscience in 2024,
or the disappearance of epistemological demand
Abstract. From the observation that there would exist a certain discrepancy, in the Western world, between the reality of the sciences and the way in which they are depicted and perceived in the public sphere, this paper aims at diagnosing, from an epistemological point of view, some of the causes of such a discrepancy. In a nutshell, it will be argued that an ancient, persistent conflict between scientist and cynical worldviews, which mostly plays out at the level of social representations, makes it difficult to avoid the widely-shared misperceptions about the sciences. Resolving this conflict requires us to reenact an ancient demand – the « epistemological demand » – which was once actually instrumental in the very birth of science as well as in its major subsequent developments.
Keywords. Antiscience, Perception of sciences, Scientism, Postmodernism, Relativism, Skepticism.
Citation: Sartenaer, O. (2024). Scientisme et antiscience en 2024, ou la disparition de la demande épistémologique. Scepticisme scientifique, 2, 40-49.