Rétrospective sur le « syndrome des sceptiques » : 22 ans après

Edgar Wunder

Geographischen Institut der Ruhr-Universität Bochum, Bochum, Allemagne
edgar.wunder@urz.uni-heidelberg.de

[Cet article a été publié dans le Journal of Anomalistics, 21, 37-46, sous le titre : « ‘The Skeptics Syndrome’ in Retrospect: 22 Years Later ». Nous publions sa traduction avec l’aimable autorisation de son auteur ainsi que celle de Gerhard Mayer]

Préambule au « syndrome des sceptiques »

Alors que la double publication des textes d’Edgar Wunder ouvre, d’une certaine manière, l’aventure de la revue Scepticisme scientifique, il nous semblait judicieux d’introduire ces textes et le contexte de leurs parutions originales.

Renaud Evrard, l’un des membres de notre comité éditorial, avait repéré depuis très longtemps l’article Le syndrome du sceptique publié initialement en 1998 en allemand. Or, cet article a connu une récente actualité en 2021, avec sa traduction en anglais (adaptée ici en française) suivie de plusieurs commentaires, dont un par l’auteur originel qui revient sur son manuscrit 22 ans après. Les acteurs du scepticisme scientifique allemand étant relativement méconnus en France, il peut être difficile de saisir tous les enjeux de ce texte. En réalité, il acte d’une scission dans le mouvement sceptique allemand entre un groupe originel, la Société d’étude scientifique des parasciences (GWUP), dont Wunder était l’un des fondateurs et piliers, et un nouveau groupe, la Société pour l’anomalistique (GfA), dont Evrard est membre depuis plusieurs années, et qui publie le Journal of anomalistics / Zeitschrift für Anomalistik, d’où ces deux textes ont été tirés.

L’article de 1998 a donc eu une importance majeure dans l’analyse critique d’une forme de scepticisme qui s’apparentait davantage à une activité militante d’incroyance. Wunder, sociologue et géographe universitaire, développe une argumentation fine et articulée autour d’exemples précis pour formuler sa critique, en évitant de recourir aux vindictes personnelles qui fleurissent facilement sur les réseaux sociaux au moindre désaccord. Par son approche nuancée, et malgré son titre renvoyant au champ de la psychopathologie, l’auteur tente de démontrer que plusieurs formes de « scepticisme » sont possibles et qu’il n’y a pas nécessairement une unité dans le mouvement sceptique, ni de la nécessité d’une telle unité.

Si nous encourageons à rester critique quant à son point de vue et ses arguments, nous sommes sensibles à certains de ses constats. En faisant connaître ses articles, nous espérons nous aussi voir se développer un scepticisme scientifique conforme à son projet initial, débarrassé de certains effets pervers liés aux aliénations à des institutions ou des « causes ». En tant que comité éditorial, nous accueillerons très volontiers tout article argumenté qui exprimera des points de désaccord avec ceux que la revue publie, puisque nous pensons, comme Wunder, qu’il est très important que le mouvement sceptique maintienne des espaces de débat respectant les règles de la disputatio scientifique. Nous devons satisfaire au même niveau d’exigence pour traiter des objets qui semblent extérieurs au champ scientifique que pour des objets internes, c’est-à-dire les travaux et réflexions produits au sein même de ce mouvement.

Comité éditorial de Scepticisme Scientifique

Citation: Wunder, E. (2022). Rétrospective sur le « syndrome des sceptiques » : 22 ans après. Scepticisme scientifique, 1, 12-18.

Vidéo du live discutant de l’article: https://www.youtube.com/watch?v=EyNsuQP6vzo

Ce contenu a été publié dans Volume 1 (2022-2023), avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.